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Hadopi rime avec hypocrisie…

Je dois bien l’avouer, je suis un gros floodeur sur Facebook… J’ai tendance à relayer un grand nombre d’articles me plaisant ou parlant du PP, de moi et du combat Hadopi en général… Je pensais donc que mes quelques amis avaient compris en quoi cette belle loi qu’est Hadopi est dangereuse inadaptée et surtout hypocrite… Et bien non !

Ce matin j’ai eu la joie de découvrir qu’un ami était pro-hadopi par un message auquel je me suis empressé de répondre et que j’ai publié sur Twitter :

Vive la loi HADOPI …. Allez acheter bande de voleur …

Il faut bien comprendre deux choses par rapport à la Hadopi : elle ne se préoccupe pas un seul instant des artistes et la mise en opposition des artistes et de leur public est dangereuse pour tous !

La Hadopi ne se préoccupe pas des artistes

Ai-je bien besoin de préciser ce point ? Sur les 12 millions d’euros de budget pas un euro ne va tomber dans la poche des artistes. En lieu et place de cela, qui pourrait être intéressant pour soutenir une industrie soit-disant en crise (oui oui on attend toujours des preuves de cela…).

La Hadopi ne dialogue même pas avec les ayants-droits, ce qui est le boulot de TMG, une entreprise privée à qui l’on donne des droits de police du net et qui est à la solde des ayants-droits (aka des maisons de disques et des producteurs hein, pas des artistes). La hadopi de son côté ne fait qu’envoyer des spams de façon tout à fait obscure sans se soucier un instant de la véracité des relevés effectués par TMG.

Des audits de cette société sont prévus… Il parait… En attendant on a affaire à une Haute Autorité qui fait confiance aveuglément à une société privée à la solde d’intérêts privés pour aller jusqu’à des sanctions de catégorie 5 !

La Hadopi a ouvert un dialogue avec ses opposants, j’ai par exemple été reçu en qualité de porte parole du PP dans leurs locaux pour exprimer mon point de vue et surtout celui du PP. Il serait intéressant qu’elle prenne aussi le temps de recevoir des artistes qui sortent du système de lavage de cerveau des majors et qui puissent donner leur réel avis dont la Hadopi pourrait tenir compte (je pense par exemple à Oxmo Puccino qui s’est exprimé sur le Nouvel Obs – si tu lis ça Oxmo, bravo !)

Certains auront envie de me rétorquer que par rebond en protégeant les intérêts des majors on protège ceux des artistes. Mathématiquement oui, idéologiquement non. Si demain je me fais engueuler par Universal (et par engueulé je veux dire couper mon accès au net pendant un mois et devoir payer 1.500€ d’amende) parce que j’ai téléchargé du Zazie (héhé c’est marrant de faire un article avec que des artistes que je n’écoute pas) pensez vous que je vais continuer à apprécier cette artiste et à vouloir acheter sa musique ou aller à ses concerts ?!

Ce qui nous amène à mon second point :

Mettre en opposition l’artiste et son public ? WTF !

La question est de définir ce qui fait de l’artiste un artiste ? Son art ou son succès ?

La bonne réponse est son art, chez Universal on vous répondra son succès… On va donc partir sur ce second postulat et traiter la réalité des choses juste après.

En admettant donc que l’on est artiste si l’on rencontre un certain succès auprès du public le fait de s’attaquer à ce même public, qu’il paye ou non, est stupide dans bien des aspects : quelqu’un qui télécharge un CD viendra peut-être plus facilement à un concert que s’il ne connait pas la musique, quelqu’un qui télécharge un film aura plus de chances de lâcher 20€ à la sortie du DVD parce qu’il a aimé le film et n’a pas déjà payé 10€ pour le voir au cinéma, … Le partage n’est pas un frein à la culture ou à son financement : il est un moteur incontestable de la culture (qui a les moyens aujourd’hui de remplir un ipod 64Go légalement ?) et un moteur indirect du financement de cette même culture !

Alors pourquoi les majors luttent elles comme cela contre des moulins à vent ? Tout simplement parce qu’elles en sont obligées pour continuer à contrôler un business qui leur échappe !

Aujourd’hui les majors n’ont plus aucune légitimité à part de faire goulot d’étranglement en conservant la main mise sur les radios et les sociétés de diffusion autres par un choix méthodique de ce que vous devez écouter… C’est la SACEM qui décide aujourd’hui de ce que vous écouterez demain ! Alors, oui c’est tant mieux pour la centaine d’artistes qui ont le feu vert de cette société mais, pour les autres, c’est démerde toi !

Ce qui nous amène à considérer le fait que ce qui fait l’artiste est son talent et pas son évaluation en tant que bankable par une société qui décide de qui est connu ou non.

Dans un monde idéal (dans quelques années en fait) ce ne sont pas les choix d’une société qui s’engraisse sur le marché de la culture qui feront votre culture, mais le talent réel de l’artiste, plébiscité par son public. Aka plus un artiste plait et plus il a de succès… C’est con, mais c’est bien loin d’être le cas actuellement.

Dans ce schéma pourtant enfantin et qui n’est rendu possible que par le réseau formidable qu’est Internet (réseau que les majors veulent, comme par hasard, contrôler) l’opposition d’un artiste et de son public signifie la mort de l’artiste… Cela ne veut pas dire que l’artiste ait à se conformer aux moindres désirs de ses fans et produire la même soupe commerciale que nous servent les majors actuellement, cela veut dire que si un artiste se constitue une base de fans en faisant ce qu’il aime faire il ne doit pas pour autant en oublier son public qui aime la même chose que lui et qui l’a aidé à devenir ce qu’il est et à, potentiellement, vivre de ce qu’il produit.

Dans tous les schémas possibles et imaginables l’opposition entre un artiste et son public est néfaste à l’ensemble de la culture. Et c’est précisément une part de la mission de la Hadopi que de mettre en place ce type de comportements sous couvert de protéger l’industrie du divertissement et surement pas la culture !