La Tunisie remet la machine à censurer en place…

S’il y a un jour (hors le départ de Ben Ali) qui m’a marqué dans tous les évènements qui se sont produits depuis que Mohamed Bouazizi s’est donné la mort à Sidi Bouzid, déclenchant les prémisses de ce que l’on pourra plus tard appeler révolution, c’est le jour où le classement RSF a évolué pour supprimer la Tunisie des pays ennemis de l’Internet et la classer parmi les pays sous surveillances.

Dans le même temps la France glissait dans le sens inverse de pays neutre à pays sous surveillance.

Aujourd’hui c’est un coup de canif dans cette dynamique qui avait l’air de condamner la Tunisie à la liberté et la France à de bien sombres desseins. Non pas que la France ait fait quelque progrès que ce soit, non c’est relativement stable de ce côté-ci, mais la Tunisie elle remet peu à peu sa machine à censure en marche…

Aujourd’hui l’ATI (Agence Tunisienne d’Internet), qui s’était portée partie civile contre une décision de justice visant à remettre en place la censure des sites internet pornographiques, s’est fendue d’un communiqué expliquant que le combat était (jusqu’à l’appel prévu le 4 Juillet) perdu et que la censure allait progressivement revenir, au moins sur les sites pornographiques.

Comme nous, français, nous sommes battus contre la censure des sites diffusant des contenus pédopornographiques par la LOPPSI il est bon de se souvenir qu’aucune censure n’est justifiée ou justifiable dans un pays démocratique !

Dans le cas français il est aisé de voir que de tels contenus doivent être supprimés et que les acteurs de cette diffusion doivent être mis hors d’état de poursuivre pareilles activités au lieu d’être simplement cachés aux yeux de nos concitoyens.

Dans le cas tunisien il faut que tous comprennent que la censure d’un pan aussi énorme du Net ne peut entrainer que des dérives volontaires ou non provoquant des cas de censure arbitraire de contenus tout à fait légitimes, même au regard de la prétendue morale dictée par la poignée de décideurs qui condamne aujourd’hui la pornographie.

Des solutions existent pour qui veut « protéger » ses enfants de la pornographie, à commencer par les logiciels de contrôle parental ou, plus vraisemblablement, l’éducation. Mais abandonner un Internet libre à un combat aussi futile que celui-ci me parait être très dommageable.

Cet article a été écrit à la demande d’amis tunisiens, je ne me permettrai pas de remettre en cause la légitimité du système démocratique tunisien en d’autres circonstances. La censure est un sujet bien trop grave et que je connais suffisamment bien pour que je conserve le silence.

Alors comme la médiatisation a joué un rôle extraordinaire (quand elle est enfin arrivée) dans ces soulèvements populaires il est temps que tous prennent conscience de ce qui risque de se passer si la censure reprend ses droits en territoire tunisien…

Elle a été l’arme de prédilection de Ben Ali et est un des symboles de son pouvoir. A l’étranger la censure tunisienne est un exemple de ce que tous redoutent…

La protestation a été l’arme de prédilection des opposants, la médiatisation par les pays étrangers un outil non négociable.

Ne laissez pas Ammar404 revenir…

5 réflexions sur « La Tunisie remet la machine à censurer en place… »

  1. Winael
  2. zaza napoli

    Comme nous, français, nous sommes battus contre la censure des sites diffusant des contenus pédopornographiques par la LOPPSI il est bon de se souvenir qu’aucune censure n’est justifiée ou justifiable dans un pays démocratique !

    ???? ya pas comme une erreur dans cette phrase ????

  3. Olivier Mehani

    «Des solutions existent pour qui veut « protéger » ses enfants de la pornographie»

    Au risque de répéter ce que beaucoup ont dû dire, il est ridicule d’arguer que ce sont “nos enfants” qui sont victimes de la pédo-pornographie. Les réelles victimes sont les enfants qui ont été “utilisés” dans la création du contenu.

    Il s’agit de deux problèmes complètement distincts. Cacher l’un peut peut-être temporairement résoudre l’autre; j’en doute. Cependant, à long terme, ce genre d’arguments est simplement un moyen de justifier qu’on détourne le regard, et de faire croire que le problème de fond a été réglé.

  4. Lavertus

    @zaza napoli : si tu penses que l’erreur est de dire que « nous sommes battus contre la censure des sites diffusant des contenus pédopornographiques ». Et bien non, cette phrase n’est pas une erreur. Même si sortie de son contexte, elle parait effectivement très choquante.

    Comme il l’explique dans le paragraphe suivant, la censure de ce genre de sites n’a aucun intérêt, mettre en place ce genre de censure se résumerait à cacher un peu plus un problème qui dérange.

    Oui, je dis bien « cacher un peu plus le problème », car il faut quand même l’avouer, la pédopornographie sur Internet n’est pas quelque chose à quoi nous sommes confrontés chaque jour, il faut quand même le vouloir pour tomber sur ce type de contenu.

    Je suis donc tout à fait d’accord avec ceux qui pensent qu’il ne faut pas censurer les sites diffusant du contenu pédopornographie, mais qui faut au contraire s’attaquer à la source du problèmes, c’est à dire aux personnes qui mettent en ligne ce type de contenu, et non au média qu’ils utilisent.

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