J’ai halluciné un peu en voyant que Paranormal Activity 2 était sur le point de sortir, considérant le premier comme l’un des pires films dont le septième art ait accouché. Mais l’expérience derrière le film vaut le coup que l’on revienne dessus.
Autant sur le domaine de la musique on est presque tous d’accord pour dire que l’époque est à une révolution complète du business model et que l’on peut plus ou moins se passer de producteur pour cela (je vous dirait ça plus en détails quand j’aurai lu le livre de Pascal Nègre), autant pour le cinéma les sommes en jeu sont telles que l’on a tendance à prendre des pincettes pour parler de révolution du business model.
Je vous propose ici une réflexion basée sur une histoire vraie (contrairement au navet sur lequel je vais m’appuyer) : la naissance de Paranormal Activity. Pour ce faire on va décrocher mon outil préféré : IMDb et plus précisément la page « Business » souvent très riche d’enseignements (mais moins intéressante que « Fun facts » je vous le concède).
Sur cette page on peut relever deux chiffres très intéressants : le budget et les recettes au box office (USA only), soit respectivement $11.000 et environ $108.000.000 au 17 janvier 2010. Non il n’y a pas de faute de frappe, ce film a bien fait des recettes extraordinaires avec un budget initial ridicule.
Oui c’est un cas à part, non le cinéma ne se porte pas si bien que l’on puisse voir les mêmes chiffres pour tous les films… Mais quand cela arrive, ne serait-il pas judicieux d’en profiter pour aider la filière du cinéma (comme je l’ai déjà suggéré à propos de la franchise Star Wars) qui serait, d’après certains, en grande difficulté ?
Et surtout, quand un film fait un tel profit, qu’est ce qui peut bien justifier la sortie d’un DVD au prix exorbitant de 20€ (en promo à 12.99€ si vous voulez manger du navet ce soir) ?
Enfin je vous invite à regarder la page « Business » du second opus de cette nouvelle série qui n’en finira pas (au moins SAW 6 avait un intérêt dans le titre) pour constater que si une leçon aurait pu être apprise dans tout cela ce sera surement pour la prochaine fois…
Finalement c’est encore un faux problème qui est posé par la question du cinéma : on peut faire un film pour un budget raisonnable (Avatar mis à part – et il a été largement amorti lui aussi), il suffit de rationaliser la profession, d’arrêter de payer les acteurs plusieurs décennies de salaire moyen pour quatre mois de tournage et de prendre conscience du fait que l’avenir de la création passe par sa richesse et sa diversité, pas par le nombre de superstars à l’affiche ou la quantité d’hélicoptères qui explosent en vol…
Il est tout à fait possible d’envisager une licence globale qui couvre à la fois la musique (et pas le CD), le cinéma (et pas les cinémas), et la littérature (et pas les livres) – j’y reviendrai pour ce dernier point – si ces divers milieux sont prêts à s’adapter à leur public et à l’économie du marché actuel et si les états, la France en tête, arrêtent d’investir des fortunes dans la défense d’intérêts privés pour les investir à la place dans la création ! (Hadopi = 12M€, bientôt 14M€ + un crédit d’impôts de 30M€ par an !)